Décembre 2021 – Voici le regard du RNCREQ sur la COP 26.
André Lavoie et Martin Vaillancourt, respectivement premier vice-président et directeur général du RNCREQ, se sont rendus à Glasgow à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26) en novembre. Ils ont alimenté le compte Twitter du RN de leurs moments forts et données marquantes. Quelques semaines ont passé, et ils ont pris le temps de partager avec nous leurs pensées sur l’événement.
La COP 26 a suscité beaucoup d’espoirs et de déceptions
Même si les conférences des parties sur le climat (COP) sont parfois comparées à des mirages (elles sont lointaines et provoquent beaucoup de déception), ce n’est pas un prétexte pour baisser les bras, mais plutôt un coup de fouet pour passer à l’action climatique au plus près de chez nous.
Les espoirs suscités par les COP sont toujours énormes. Les pressions citoyennes et médiatiques jouent un rôle important pour convaincre les décideurs de mener des actions ambitieuses en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en août 2021, a eu un impact important en ce sens. Si légitimes et utiles soient-elles, force est de constater que les COP ont beaucoup plus souvent conduit à des espoirs déçus qu’à des résultats à la hauteur des attentes et des enjeux climatiques. Doit-on pour autant rester sur ce sentiment négatif ?
Regarder le rôle des COP sous un autre prisme
Il s’agit de moments brefs et intenses pendant lesquels des États se rassemblent pour signer des engagements mutuels et collectifs. C’est plutôt normal que tous les détails n’y soient pas intégrés et que les décideurs soient prudents. Ça ne les empêche pas de prendre des décisions unilatérales à d’autres moments de l’année.
Au RNCREQ, nous soulignons quelques éléments qui vont dans la bonne direction. Tout d’abord, un élément majeur : la vague d’intérêt des élu.e.s, des médias et de la population ! Nous y voyons un moteur puissant pour enclencher et valoriser des actions sur le terrain. C’est à proximité de chez nous que les choses se concrétisent le plus vite. Profitons donc de l’élan pour engager une transition ambitieuse localement. En misant nos efforts sur ce que nous faisons ici, maintenant, concrètement, nous démontrons que les acteurs locaux (souvent grâce aux financements des gouvernements) agissent pour la transition écologique. Chacun.e peut s’engager dans des projets. C’est d’ailleurs le meilleur remède contre l’éco-anxiété.
Quelques grands engagements de la COP 26
Dans un précédent édito du RNCREQ, nous expliquions ce qui ferait de cette COP un succès, ou non.
Plusieurs annonces ont été faites au cours de la COP 26, en voici quelques-unes appuyées par le Québec et le Canada.
Ces mesures ne sont pas toutes parfaites, mais, si elles sont adéquatement mises en œuvre, elles permettront d’obtenir des gains. Martin Vaillancourt, DG du RNCREQ.
- Le Canada a rejoint La Coalition pour une haute ambition, laquelle comprend 26 pays qui veulent tout mettre en œuvre pour rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement. Les États signataires s’engagent à réduire de 50 % leurs émissions d’ici 2030 et à atteindre zéro émission nette en 2050. En savoir plus.
- Le Québec et le Canada font partie de l’initiative Beyond oil and gas (BOGA), laquelle entend fixer une date de sortie progressive de l’extraction de pétrole et de gaz. Cette alliance a pour ambition de fournir à la communauté internationale un guide de pratiques et de méthodes pour éliminer progressivement cette production, qui représente aujourd’hui 80 % des besoins énergétiques mondiaux.
- Le Canada s’est engagé à cesser (d’ici la fin de 2022) tout nouveau soutien public direct au secteur international de la production d’énergie à partir de combustibles fossiles. Cet engagement comprend cependant des exceptions dans des circonstances jugées conformes par le gouvernement à la limite de réchauffement de 1,5 °C et aux objectifs de l’Accord de Paris. En savoir plus.
- Avec 47 autres pays, le Canada s’est engagé à abandonner l’exploitation du charbon; ils ont signé la « Déclaration de transition du charbon vers l’énergie propre ». Certains ont affirmé qu’ils ne financeraient plus des centrales à charbon hors de leurs frontières. Cet engagement est présenté comme «historique» par la présidence britannique de la COP 26 et, de fait, jusqu’ici aucune déclaration solennelle sur la question n’avait été enregistrée. Près de 16 milliards d’euros d’investissement par an passeraient ainsi vers les énergies renouvelables. En savoir plus.
- Le Canada fait partie des 105 pays qui se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030. Il s’agit d’un GES 80 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 20 ans ; un engagement similaire porté par un moins grand nombre de pays avait été pris en 2016, pour le Canada c’est donc à la fois un report de la cible et un engagement à faire mieux.
- Le Canada fait partie d’un groupe de 100 pays qui se sont engagés à arrêter la déforestation d’ici 2030. Ces pays abritent 85 % des forêts du monde. Il faut cependant noter que cet objectif figurait déjà dans la Convention climat de 1992 et dans les objectifs d’Aichi de 2010 et que la déforestation a cependant continué.
- Le Canada fait partie d’un groupe de plus d’une trentaine d’États, constructeurs automobiles, collectivités locales et gestionnaires de flottes de véhicules qui s’engagent à cesser la production et l’utilisation véhicules thermiques d’ici 2040.
- Le Canada s’est engagé à établir des couloirs de transport maritime écologiques et à renforcer la collaboration internationale pour réduire les émissions produites par l’aviation. En savoir plus.
- Le premier ministre Trudeau a signé une déclaration du Groupe d’experts de haut niveau pour une économie océanique durable, laquelle propose une accélération des mesures de lutte contre les changements climatiques sur les océans. Le Canada soutient la mise en place d’un cadre mondial pour la biodiversité avec un objectif de conservation de 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030 (« 30 en 30 »).
- Le Canada s’est engagé à consacrer au cours des cinq prochaines années plus d’un milliard de dollars aux solutions climatiques fondées sur la nature ayant des avantages connexes sur la biodiversité des pays en développement.
- Le Canada s’est également engagé à verser 6 millions de dollars au Global Fund for Coral Reefs afin de soutenir les efforts mondiaux de conservation et de remise en état des récifs coralliens.
- Le Canada a continué à promouvoir le rôle moteur de la Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones qui vise à faire entendre les voix des Autochtones dans les discussions internationales sur les changements climatiques. Un nouveau programme a été lancé dans le but de mettre en place des partenariats respectueux qui appuient l’autodétermination dans la recherche. Le Canada est également fier d’avoir soutenu le projet Three Island Energy Initiative de l’entreprise Indigenous Clean Energy (Just Climate Energy : Indigenous Renewable Energy Microgrids for Energy Transition).
- Le Canada a fait remarquer que seulement un peu plus de 20 % des émissions mondiales de GES sont actuellement soumises à une forme ou à une autre de tarification du carbone, et a proposé de tripler cette couverture (pour atteindre 60 %) d’ici 2030 comme étape importante vers la tarification du carbone à l’échelle mondiale et l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050.
Le Canada n’a pas encore rallié ces fronts
- L’initiative nommée Green grids. One sun, one world, one grid (Réseau vert : un soleil, une planète, un réseau) est née à Glasgow et représente déjà la plus grande coalition pour les énergies propres du monde. Ces États, décideurs industriels, organisations internationales, scientifiques et regroupements de citoyens visent à interconnecter les réseaux électriques et permettre la construction de grandes centrales solaires.
- Quarante-cinq gouvernements plaident pour une protection renforcée de la nature et pour une agriculture plus respectueuse des écosystèmes. Il s’agit de modifier les pratiques des entreprises agroalimentaires pour mieux préserver les milieux naturels. Les États, eux, devront changer leurs politiques agricoles afin qu’elles soient plus durables et moins polluantes. En savoir plus.
Sources
https://www.sciencesetavenir.fr/environnement/les-engagements-de-la-cop26
https://www.newscientist.com/article/Cop26
https://www.lenouvelliste.ca/la-cop26-et-puis-apres
https://www.canada.ca/environnement/sommet-cop26
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/646626/cop26-plus-d-annonces-que-d-ambition