Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Québec s’enlise
Deux importants organismes de conservation québécois, Nature Québec et la Société pour la nature et les parcs (SNAP), ont rendu public ce matin un rapport qui montre à quel point le Québec s’enlise en matière de préservation de la biodiversité. En effet, selon ce rapport, le Québec ratera vraisemblablement l’ensemble des cibles visées par le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 (Convention internationale sur la diversité biologique).
Grandement préoccupé par un tel constat, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement (RNCREQ) interpelle le gouvernement du Québec afin qu’il corrige rapidement la situation. Les conseils régionaux de l’environnement (CRE) ont participé activement, au cours des dernières années, aux efforts pour atteindre les objectifs de conservation que le Québec s’est fixés. Présents dans chacune des régions du Québec, ils sont à même de constater les effets démobilisateurs des nombreux échecs qui découlent souvent d’un manque de leadership et de concertation interministérielle.
« Il est anormal et frustrant que les scénarios de conservation consensuels qui émanent des régions soient continuellement bloqués lorsqu’ils arrivent dans les mains des hautes autorités ministérielles »
déplore Sébastien Caron, responsable du dossier pour le RNCREQ. Ces scénarios sont pourtant issus d’un processus encadrés par les ministères et d’une importante démarche de concertation de l’ensemble des acteurs concernés, dans plusieurs régions du Québec. Les territoires d’intérêt identifiés dans le cadre de ceux-ci représentent plus de 30 000 km2, soit une très forte proportion de la superficie nécessaire à l’atteinte des objectifs gouvernementaux pour 2015 !
La protection de la biodiversité n’est pas un enjeu banal. Elle est tout simplement essentielle au maintien de conditions de vie sur la planète. En outre, les mesures de conservation contribuent directement à la lutte contre les changements climatiques, l’une des grandes priorités gouvernementales du moment. Ce n’est donc pas pour rien si la communauté internationale se donne des cibles de protection. Et conséquemment, c’est aussi la crédibilité du Québec à l’échelle internationale qui est concernée.
Sur ce dernier point, soulignons à quel point le Québec fait l’objet de figure de proue en matière de développement durable lorsqu’il s’engage sur les tribunes internationales à soustraire la moitié du territoire du Plan Nord aux activités industrielles. Il est difficile de voir, à la lumière de ce rapport et de l’état d’avancement des dossiers de conservation sur ce territoire, comment on pourra atteindre ces objectifs.
Et que dire du Sud du Québec, alors qu’il n’y a aucune cible de protection pour ce territoire, bien qu’on y trouve la biodiversité la plus variée et la plus abondante, les pressions anthropiques les plus fortes, les écosystèmes les plus fragmentés et les plus rares, de même qu’une très faible proportion de territoire public.
Pour Philippe Bourke, directeur du RNCREQ, « la situation actuelle ne peut perdurer. Le gouvernement doit être en mesure de faire progresser ce dossier et cela passe par un leadership mieux défini. La mise en place de mesures de conservation par l’État, notamment la création d’un réseau d’aires protégées représentatives de la biodiversité québécoise, est encadrée par des stratégies gouvernementales et ne doit donc pas reposer uniquement sur l’action d’un ministère, qui se butte par ailleurs constamment aux autres ministères et organismes concernés. »
« favoriser la participation de l’ensemble des intervenants concernés en mettant en place une Table nationale sur la biodiversité, qui aurait pour mandat d’aviser le gouvernement sur l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie et d’un plan d’action sur la diversité biologique du Québec » (page 85 du rapport).
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Renseignements
Cédric Chaperon, responsable énergie et changements climatiques
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