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Projet immobilier au parc national du Mont-Orford

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

Des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sont réclamées

Un nouveau projet doit entraîner de nouvelles audiences publiques

Les inquiétudes de nombreux citoyens de l’Estrie et de l’ensemble du Québec, préoccupés par l’intégrité écologique et territoriale du parc national du Mont-Orford, nous amènent aujourd’hui à convier les médias. Le promoteur immobilier est présentement en négociation avec la Société de la Faune et des parcs (FAPAQ) sur la proposition d’un plan révisé. Il précise ses rêves de construire un restaurant de trois à cinq millions de dollars comportant 300 places au sommet de la montagne, avec en bonus un musée, mais demeure imprécis sur l’échange de terrains projeté pour la construction de 1000 condominiums aux flancs du Mont-Orford.

Par sa façon de négocier derrière des portes closes, la FAPAQ va à l’encontre de l’engagement du Premier Ministre Jean Charest, qui dans une lettre adressée aux Amis du Parc du Mont-Orford et datée du 10 avril dernier, affirmait que «le projet devra recevoir une large approbation sociale» puisqu’il s’agit d’un bien public, et qu’il faut par conséquent «s’assurer qu’il y ait un large débat et que la population puisse participer pleinement à ce débat et qu’elle ait accès à toute l’information». Non seulement l’objectif de construire un musée ne faisait pas partie du projet initial, très mal défini d’ailleurs lors des audiences des 6 et 7 décembre 2002, mais de nouveaux éléments au dossier soulèvent de nombreuses interrogations.

 

Les nombreuses erreurs d’interprétation des mémoires par la FAPAQ

L’enjeu central entourant ce projet immobilier est l’échange de terrain proposé. Or une analyse approfondie de l’annexe 4 du document synthèse de la consultation de décembre dernier révèle que 7 des 54 mémoires déposés ont été mal classés, comme par hasard tous dans la colonne des POUR l’échange. Suite à une plainte adressée à la FAPAQ, l’annexe 4 a été modifiée, si bien que la proportion des mémoires favorable à l’échange de terrain a chuté de 33 à 24%, ce qui ne représente certainement pas une large approbation sociale. Curieusement 2 de ces 7 mémoires n’ont pas été reclassés, et sont demeurés identifié POUR l’échange malgré que l’un de leurs auteurs a signalé par écrit au ministre responsable des parcs, Sam Hamad, qu’il était bel et bien CONTRE l’échange…

La FAPAQ se retrouve par conséquent dans une situation conflictuelle, puisqu’elle s’était déjà prononcée en faveur de l’échange de terrain avant de tenir les audiences de décembre 2002. L’analyse des mémoires pouvait donc difficilement être soumise à un processus dont l’impartialité ne pouvait être mis en doute. En l’occurrence, nous nous réjouissons que les délégués du parti Libéral du Québec, réunis en Conseil général le 14 septembre dernier, ont adopté une résolution enjoignant le Premier ministre Jean Charest, de consolider le rôle du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), afin qu’à l’avenir, tous les projets récréotouristiques importants, impliquant la modification des limites d’un Parc, ou de vente de terres publiques en faveur d’un promoteur, pour un projet de développement domiciliaire, ou autre, soient soumis au processus d’évaluation environnementale du BAPE.

 

Pas de source d’eau potable, et encore moins d’endroit où disposer des eaux usées

L’usine d’épuration du Canton d’Orford a atteint depuis longtemps son point de saturation. Au point où l’émission de nouveaux permis de construction est suspendue. La municipalité manque d’espace autour de ses installations actuelles, si bien qu’il sera difficile d’en accroître la capacité. Au moins 4 millions de dollars seront nécessaire pour la rendre conforme aux normes, et des coûts astronomiques sont à prévoir si jamais le traitement des eaux usées est déplacé. Qui plus est, le ministère de l’Environnement vient de rehausser ses exigences sur les rejets de phosphore et d’azote, qui sont actuellement déversés en période de pointe dans la rivière Aux Cerises, un important tributaire du lac Memphrémagog, un lac réservoir d’eau potable pour plus de 150 000 personnes. Dans un tel contexte, comment entrevoir l’ajout des eaux usées provenant du développement immobilier au cœur du parc du Mont-Orford? Le millier d’unité de condominium, deux hôtels, et le restaurant sur la montagne, généreront un important volume d’eau usée dont les solutions de traitement n’ont pas fait l’objet d’une proposition du promoteur lors des audiences de décembre 2002. La municipalité d’Orford n’était pas très explicite jusqu’à tout récemment sur l’ampleur du problème, donc les citoyens qui se sont exprimés en décembre 2002 étaient très loin d’avoir accès à toutes les informations.

Mais avant de trouver le moyen de disposer correctement des eaux usées, encore faut-il trouver de l’eau potable! De nombreux résidants du Canton d’Orford dans ce secteur connaissent des pénuries d’eau. Encore une fois le promoteur est demeuré muet sur l’endroit où il projetait s’alimenter. Des audiences du BAPE permettraient une analyse des coûts/bénéfices plus approfondie et interpellerait le promoteur et la municipalité du Canton d’Orford, afin de faire toute la lumière sur la faisabilité et le coût des solutions proposées, s’il y en a…

 

Augmenter la superficie des aires protégées, et non pas les morceler

L’Estrie est très pauvre en terres publiques. En superficie d’aires protégées aussi. La possibilité d’en créer davantage est limitée. Le Québec doit non seulement atteindre 8% d’aires protégées, mais également s’assurer que la biodiversité propre à chaque région du territoire de la province sera protégée. Il faut donc privilégier les mesures de protection au Sud, des endroits plus facilement accessibles au grand public, notamment pour la pratique des activités respectueuses des principes de l’Écotourisme, en pleine expansion. C’est effectivement la tendance à l’échelle internationale. Les activités non motorisées, qui requièrent très peu d’infrastructures, à l’exemple du ski de fond, raquette, canot, kayak, vélo, randonnée pédestre, nécessitent par contre un accroissement significatif des territoires protégés. C’est pour cette raison que nous jugeons tout simplement inacceptable la soustraction d’une partie intacte du parc du Mont-Orford et toute forme d’intrusion irrespectueuse de l’Écotourisme.

Le parc du Mont-Orford est un héritage légué par ceux qui en ont été les initiateurs dans les années 1930, des gens de la région dont George Austin Bowen. Sa création n’origine donc pas du gouvernement du Québec, qui en a fait l’acquisition par la suite. Cet héritage lui a été légué sur la base d’un lien de confiance que ce territoire demeurerait protégé. D’ailleurs la loi fondatrice du parc national du Mont-Orford, datée du 8 avril 1938, ne permettait pas de soustraire des terrains au parc, mais uniquement d’en ajouter.

 

Modification à la Loi sur les Parcs

En ce sens, nous aimerions saluer au passage les délégués du parti Libéral, qui ont adopté une résolution réclamant que la Loi sur les Parcs soit modifiée, afin qu’elle interdise clairement, sans ambiguïté, toute possibilité d’abolir un parc, de le réduire et d’échanger des terrains faisant partie d’un parc, et ce à perpétuité, pour le bénéfice des générations actuelles et futures.

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Renseignements

Pierre Dépôt, 20 chemin du Lynx, Orford, J1X 6V7, Tél: 450-532-4684