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Le pouvoir de changer les choses… par la poubelle

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Par Laure Mabileau, responsable des communications au RNCREQ, et cofondatrice du Festival Zéro Déchet

La Semaine québécoise de réduction des déchets a battu son plein durant la troisième semaine du mois d’octobre. Comme à chaque année, ce fût l’occasion pour de nombreux établissements scolaires et municipalités de sensibiliser le grand public et les plus jeunes aux enjeux de la réduction à la source. Seulement une semaine plus tard, c’est le Festival Zéro Déchet de Montréal qui prenait la relève en ouvrant ses portes au Marché Bonsecours. Malgré une augmentation de 50 % de la capacité d’accueil entre les deux éditions, une file s’est rapidement formée à l’entrée de l’édifice. Au final, quelque 11 000 participants ont déambulé dans le festival, soucieux de changer leurs comportements.

On le voit, le nombre de personnes désirant faire quelque chose ne cesse de croître. Beaucoup d’entre elles trouvent la solution dans la réduction à la source.

Solution tangible et immédiate, la tendance du « zéro déchet » vient inverser la place du pouvoir citoyen face à l’inaccessible changement climatique. L’impuissance ressentie face à la question climatique est alors troquée contre une panoplie de gestes simples à adopter et un défi à échelle humaine à relever. Une bonne nouvelle pour les objectifs de réduction, puisque la marge de progression de la société québécoise est grande : nous produisons plus de déchets que la moyenne canadienne. Loin de la diabolisation, le mouvement du zéro déchet propose de raconter des histoires positives autour des gestes que nous posons quotidiennement et d’utiliser le renforcement positif comme levier pour toucher le plus grand nombre.

Un changement de paradigme dans le processus de communication qui permet surement de rejoindre une autre tranche de la population.

Reste à évaluer l’impact de l’adoption de ces gestes sur le long terme, en espérant que le retour en arrière ne soitplus possible, comme le soufflait Jérémie Pichon, auteur français venu faire une tournée de conférences sur le zéro déchet. Le CRE de l’Estrie l’a d’ailleurs reçu à Sherbrooke, le 5 novembre, rassemblant ainsi plus de 80 personnes.

Au-delà du zéro déchet, on constate que l’enjeu climatique trouve une répercussion large depuis la rentrée.

Par exemple, la manifestation La planète s’invite au Parlement qui promet une forte mobilisation ce #10vovembre, et #lepacte, propulsé par 500 vedettes québécoises, qui a déjà recueilli plus de 100 000 signatures.

LES CITOYENNES ET CITOYENS, SEULS DANS LE BATEAU ?

La responsabilisation des individus face à la problématique des déchets ne date pas d’hier. Elle a même été intégrée dans les stratégies de communications de certains grands industriels (notamment sur l’enjeu des déchets sauvages). De ce fait, on trouve souvent cette association : la responsabilité appartient au consommateur qui décide d’acheter le produit. Or, c’est bien en amont qu’il faut planifier une réduction durable de nos déchets, et faire que les objets et leurs emballages ne soient plus des déchets en devenir, ni une accumulation de matières en bout de ligne. Un changement de notre mode de consommation, accompagné de politiques ambitieuses sur l’écoconception avec une prise en considération du cycle de vie incluant la fin de vie des produits est nécessaire ; tout comme l’adaptation des modèles de production, de manutention et de mise sur le marché.

L’expression « zéro déchet » apparaît de plus en plus dans le langage des industriels comme dans celui des politiques.

L’enjeu est alors d’être à la hauteur de la mobilisation et de l’attente citoyenne pour ne pas tomber dans les procédés de marketing et le greenwashing.