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Énergie nucléaire au Québec : exploitation ou mise au banc ?

Le RNCREQ a déposé un mémoire à la Commission canadienne de sûreté nucléaire

 

Le nucléaire, pour beaucoup, inspire de la méfiance. Nous revoyons les images effrayantes des victimes d’Hiroshima et de Nagasaki suite aux bombardements américains de 1945. Nous pensons aussi à ces chercheurs de pointe de l’Université de Montréal qui ont contribué à mettre cette technologie au point dans des laboratoires secrets et occultes du département de physique. Nous nous rappelons aussi cette course aux armements tout au long de la guerre froide, où l’arsenal militaire se mesurait au nombre d’ogives nucléaires que les blocs de l’Est et de l’Ouest comptaient respectivement. Le récent tsunami qui a frappé le Japon, la tragédie de Tchernobyl en 1986 et le grave accident de la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie, aux États-Unis en 1979, nous rappellent combien cette filière comporte des risques élevés. En ce sens, il est heureux que le premier ministre Robert Bourassa ait fait le choix de plutôt développer l’hydroélectricité au début des années 70 sachant qu’à cette époque, des personnes influentes, comme Jacques Parizeau notamment, prônaient le nucléaire comme source principale de production de l’électricité au Québec.

 

La chance du Québec

Sans connaître les motivations qui ont mené Robert Bourassa à favoriser l’hydroélectricité, il faut reconnaître que le territoire québécois est particulièrement avantageux. En effet, la géographie abondante en rivières au débit généreux et les grands espaces qui permettent des transformations importantes ont permis de faire place aux barrages spectaculaires qui ont été conçus à la Baie-James et sur la Manicouagan.

Contrairement au Québec, plusieurs autres pays ne disposent pas de ressources comparables aux nôtres et doivent avoir recours à l’énergie nucléaire pour subvenir à leurs besoins en énergie électrique.

 

Le Québec n’est pas dépendant de la filière nucléaire

Elle représente uniquement 1,91 % de l’électricité disponible en 2009. Avec la réfection de Gentilly-2, ce pourcentage passerait à 2,8 % selon les estimations d’Hydro-Québec. Or, dans le contexte où des surplus d’électricité sont prévus pour les dix années à venir, cette augmentation n’apparaît pas nécessaire.

Par ailleurs, le Québec peut compter sur un éventail de possibilités pour remplacer la production énergétique de Gentilly-2, que ce soit par l’efficacité énergétique ou par le développement des énergies renouvelables.

Cette conversion serait bien plus gagnante à long terme pour les régions touchées par la fermeture de la centrale et pour l’ensemble du Québec.

De plus, les risques pour la santé humaine et l’environnement liés à la production de cette énergie sont des facteurs trop significatifs et difficiles à contrôler pour que l’on poursuive dans cette voie.

Le cycle de vie de l’énergie nucléaire, de l’extraction d’uranium à la gestion des déchets, comprend des risques pour la santé et l’environnement qui s’étendent sur des millions d’années. En outre, il en coûte et en coûtera encore très cher de s’acharner à maintenir en vie cette filière énergétique controversée au Québec.

D’ailleurs, les coûts astronomiques et imprévisibles des travaux de rénovation de la centrale militent à eux seuls pour la fin de l’aventure. Le démantèlement de la centrale Gentilly-2 est donc souhaitable, mais avec un encadrement approprié.

Le gouvernement du Québec doit non seulement planifier le plus rapidement possible la fin de l’aventure nucléaire ─ pour ne pas en faire porter le fardeau financier sur les générations futures ─ mais il doit aussi garantir que les opérations seront menées selon les normes les plus strictes en matière de précaution et de sécurité pour la santé et l’environnement. Il faut garder à l’esprit qu’il n’existe actuellement aucune solution de traitement des déchets nucléaires qui soit durable et sécuritaire.

En ce qui a trait à l’extraction de l’uranium, tous les impacts sur la santé et l’environnement à long terme qu’une telle exploitation peut engendrer doivent inciter le gouvernement du Québec à ne pas privilégier cette avenue. Une fois le cycle de vie analysé de cette ressource, il devient évident que les pertes seraient plus élevées que les gains