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Claims miniers : des élu.es de l’Abitibi-Témiscamingue veulent changer la loi sur les mines

Québec, le 23 janvier 2023 – À quelques jours de la tenue du Forum des municipalités sur les activités minières et l’acceptabilité sociale, une coalition d’organismes dévoile une nouvelle carte indiquant un boom de claims miniers de +46% depuis deux ans en Abitibi-Témiscamingue, ce qui en fait la région la plus claimée au Québec. Dix nouvelles municipalités de l’Abitibi-Témiscamingue se joignent au mouvement national des municipalités et d’organismes appelant le gouvernement à renforcer la loi sur les mines et les Territoires incompatibles avec l’activité minière(TIAM) afin de protéger l’eau, la biodiversité et les populations.

Ce boom de titres miniers concorde avec l’augmentation de la demande américaine et mondiale en minéraux pour les batteries, comme le lithium et le graphite, de même qu’avec le prix élevé de l’or. Les organismes ont documenté un boom semblable dans le sud-est et le sud-ouest du Québec depuis 2020. Parmi les faits saillants relevés par les organismes, notons :

  • Une augmentation de +46% de la superficie des titres miniers dans la région en deux ans, passant de 1,45 million d’hectares en novembre 2020 à 2,12 millions d’hectares en décembre 2022. Cette superficie correspond à celles de régions comme les Laurentides, le Bas-Saint-Laurent, ou la Gaspésie, presque deux fois celles de l’Estrie ou de Lanaudière, ou 44 fois celle de l’île de Montréal.
  • Une augmentation des claims 13 fois plus rapide que celle des aires protégées, faisant obstacle à l’accord de Kunming-Montréal conclu en décembre à la COP15. L’augmentation de la superficie des titres miniers (+46%) dans la région a été 13 fois plus rapide que celle des aires protégées (+3,5%) depuis 2020. Il y a aujourd’hui près de 4 fois plus de titres miniers dans la région (couvrant 32,8% du territoire) que d’aires protégées (8,9% du territoire). Les organismes estiment qu’il sera impossible d’atteindre les cibles internationales de protéger 30% du territoire d’ici 2030 sans changer les lois et les cadres actuels, cibles pourtant adoptées par Québec à la COP15 avec l’accord Kunming-Montréal en décembre dernier .
  • La connectivité des aires protégées et des réserves fauniques est menacée. Parmi les 43 000 titres miniers actifs dans la région, des milliers sont collés sur des aires protégées dont les zones tampons et la connectivité sont aujourd’hui menacées. C’est le cas du parc national d’Aiguebelle et de nombreuses réserves de biodiversité, comme celles des Caribous-de-Val-d’Or, des Lacs-Vaudray-et-Joannès, de la Moraine-d’Harricana, d’Opasatica, de Kakinwawigak, et celle projetée des marais du lac Parent. Des dizaines de titres miniers se retrouvent carrément à l’intérieur de milieux naturels valorisés, comme celui de la Réserve faunique La Vérendrye.
  • Lancement de la campagne « Mine pas notre esker » pour protéger l’eau et la biodiversité (voir logo). Depuis quelques semaines, une dizaine de municipalités situées dans trois des cinq MRC de l’Abitibi-Témiscamingue ont adopté des résolutions appelant Québec à protéger les eskers situés sur leur territoire. Les résolutions précisent que les eskers «jouent un rôle capital dans la recharge en eaux souterraines du territoire» et sont susceptibles «d’abriter une biodiversité et des écosystèmes d’une grande richesse». Les deux eskers occupent 6.9% du territoire dans la région. Plus de 61% sont couverts entièrement ou en partie par 5311 titres miniers, dont 150 nouveaux titres miniers octroyés depuis mai 2022, malgré une demande officielle logée auprès du ministre des Ressources naturelles d’ordonner la fin des activités minières sur les
    eskers de l’Abitibi-Témiscamingue.
  • Des claims qui minent l’aménagement du territoire et qui ouvrent la porte à des forages miniers sans évaluation environnementale, ni consultations publiques – D’un simple clic en ligne, n’importe qui peut acquérir un claim avec moins de 70 $. Quoi qu’on en dise, les claims ont un réel impact sur le territoire. Ils empêchent la création de nouvelles aires protégées et nuisent aux investissements en récréotourisme. Ils ouvrent la porte à des centaines de forages miniers et d’autres travaux d’exploration minière sans aucune évaluation environnementale, ni consultations publiques. Et contrairement à la province voisine de l’Ontario, aucun permis n’est requis pour mener des forages miniers au Québec.
  • Pas d’acceptabilité sociale face au boom incontrôlé de claims miniers – Plus de 200 municipalités représentées par 18 MRC du Québec appellent le gouvernement à revoir la Loi sur les mines et les orientations gouvernementales régissant les «Territoires incompatibles avec l’activité minière» (TIAM) afin de mieux protéger l’eau, les milieux naturels et les populations. Un récent sondage Léger indique que plus de trois personnes sur quatre au Québec (78%) se disent en faveur «d’exiger le consentement des populations locales (p.ex.: municipalités, Nations autochtones) avant d’autoriser toute activité minière sur leur territoire», et la quasi-totalité (89%) souhaite «interdire le rejet de déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible».

Citation :

« Le Québec doit se doter d’objectifs clairs en termes d’aménagement et d’utilisation du territoire face à la mise en valeur des ressources. Les activités minières entraînent des impacts directs sur les milieux naturels, la biodiversité, ainsi que sur la qualité de l’eau, de l’air et des sols. Le boom minier exacerbe également les inégalités socio-économiques déjà bien présentes dans notre région. Au-delà des minéraux dits “d’avenir”, il faut aussi penser à notre avenir, celui de nos enfants et aux milieux naturels à protéger » – Jacinthe Châteauvert, présidente du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT)

 

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Version complète du communiqué

 

Pour information:

Rodrigue Turgeon, Coalition Québec meilleure mine et MiningWatch Canada, 819-444-9226
Rébecca Pétrin, Eau Secours : 514-246-9075
Alice de Swarte, Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), 514-575-4941
Marc Nantel, Regroupement vigilance mines de l’Abitibi-Témiscamingue 819-737-8620
Henri Jacob, Action boréale, 819-738-5261
Clémentine Cornille, Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, 819-762-6770

 

Organismes de la région et nationaux signataires (alphabétique):

Action boréale
Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement (UQAM)
Centre Entre-Femmes de l’Abitibi-Témiscamingue
Coalition Québec meilleure mine
Comité pérennité d’Abitibi-Ouest
Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT)
Eau Secours
Fondation Rivières
Mères au Front Rouyn-Noranda
MiningWatch Canada
Nature Québec
Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT)
Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)
Regroupement vigilance mines de l’Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT)
Réseau québécois des groupes écologistes
Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec)
Société pour vaincre la pollution (SVP)

 

Découvrir le précédent communiqué sur les Claims miniers dans le sud du Québec.